domenica 27 novembre 2011

Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.
Messire Belzébuth tire par la cravate
Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel,
Et, leur claquant au front un revers de savate,
Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noël !
Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles :
Comme des orgues noirs, les poitrines à jour
Que serraient autrefois les gentes damoiselles,
Se heurtent longuement dans un hideux amour.
Hurrah ! les gais danseurs qui n'avez plus de panse !
On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs !
Hop ! qu'on ne cache plus si c'est bataille ou danse !
Belzébuth enragé racle ses violons !
O durs talons, jamais on n'use sa sandale !
Presque tous ont quitté la chemise de peau ;
Le reste est peu gênant et se voit sans scandale.
Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau :
Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées,
Un morceau de chair tremble à leur maigre menton :
On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées,
Des preux, raides, heurtant armures de carton.
Hurrah ! la bise siffle au grand bal des squelettes !
Le gibet noir mugit comme un orgue de fer !
Les loups vont répondant des forêts violettes :
À l'horizon, le ciel est d'un rouge d'enfer...
Holà, secouez-moi ces capitans funèbres
Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés
Un chapelet d'amour sur leurs pâles vertèbres :
Ce n'est pas un moustier ici, les trépassés !
Oh ! voilà qu'au milieu de la danse macabre
Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou
Emporté par l'élan, comme un cheval se cabre :
Et, se sentant encor la corde raide au cou,
Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque
Avec des cris pareils à des ricanements,
Et, comme un baladin rentre dans la baraque,
Rebondit dans le bal au chant des ossements.
Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins. 
RIMBAUD



E lui rispose dicendo:
La vostra anima è sovente un campo di battaglia
 dove giudizio e ragione muovono guerra all’avidità e alla passione.
Potessi io essere il pacificatore dell’anima vostra,
che converte rivalità e discordia in unione e armonia.
Ma come potrò, se non sarete voi stessi i pacificatori,
anzi gli amanti di ogni vostro elemento?

La ragione e la passione sono il timone e la vela
di quel navigante che è l’anima vostra.
Se il timone e la vela si spezzano,
non potete far altro che, sbandati, andare alla deriva,
o arrestarvi nel mezzo del mare.
Poiché se la ragione domina da sola, è una forza che imprigiona,
e la passione è una fiamma che, incustodita,
brucia fino alla sua distruzione.
Perciò la vostra anima innalzi la ragione fino alla passione più alta,
affinché essa canti,
E con la ragione diriga la passione,
affinché questa viva in quotidiana resurrezione,
e come la fenice sorga dalle proprie ceneri.

Vorrei che avidità e giudizio fossero per voi
come graditi ospiti nella vostra casa.
Certo non onorereste più l’uno dell’altro,
perché se hai maggiori attenzioni per uno perdi la fiducia di entrambi.
Quando sui colli sedete alla fresca ombra dei pallidi pioppi,
condividendo la pace e la serenità dei campi e dei prati lontani,
allora vi sussurri il cuore:
"Nella ragione riposa Dio".
E quando infuria la tempesta e il vento implacabile scuote la foresta,
e lampi e tuoni proclamano la maestà del cielo,
allora dite nel cuore con riverente trepidazione:
"Nella passione agisce Dio".
E poiché siete un soffio nella sfera di Dio e una foglia nella sua foresta,
voi pure riposerete nella ragione e agirete nella passione.

GIBRAN

Nessun commento: